Futuristiquement partout

La sculpture intrigante évoque un personnage masculin assis, caractérisé par sa position en torsion, par ses mains, ses pieds et son sexe démesurés. Comme la tension d’un ressort remonté, la spirale de sa posture tordue fait voir une dynamique, et crée un mouvement qui s’étend vers l’extérieur par les directions de ses jambes, de ses bras, de son sexe et de son regard. La sculpture rayonne sur un périmètre de 360 °. Sa présence est posée, simple, d’une évidence mystérieuse, elle invite au regard.

Serge Delaunay a créé seulement quelques sculptures, la majeure partie de son œuvre est constituée de dessins qui représentent des sujets technologiques ou scientifiques : moteurs, voitures, robots, bâtiments futuristes et notamment aussi des fusées, vaisseaux spatiaux, télescopes, missions sur Mars, planètes, galaxies. Fasciné par l’astronomie et la navigation spatiale, il suivait les développements scientifiques et technologiques qui l’inspiraient via des magazines spécialisés et des émissions radiophoniques. Il reconnaissait l’importance du télescope spatial Hubble qui apparaît dans plusieurs de ses dessins.

Au milieu du processus de travail de Futuristiquement partout, Serge Delaunay est décédé. Le destin voulu que la date de sa mort, le 23 décembre 2021, précède de deux jours seulement le lancement du nouveau télescope spatial nommé James Webb par l’agence spatiale européenne. Cet événement majeur pour la recherche spatiale ouvrira subitement une fenêtre sur des profondeurs inouïes de l’espace et du temps.

Dans la performance Futuristiquement partout (néologisme inventé par Serge Delaunay), Thomas Hauert se met littéralement dans la peau du personnage en argile sculpté par l’artiste. Le costume, infusé dans ce même argile rouge, transforme le danseur en une réplique à taille humaine du corps de la sculpture. Une radio posée entre les deux personnages diffuse le reportage sur le lancement du télescope James Webb le 25 décembre 2021. Alors, le petit bonhomme en argile devenu grand bouge, accompagné ou impulsé par les sons du lancement de la fusée. Tout en allant nulle part, en restant présent, tranquillement il s’extrait de la terre, s’emmêle avec la gravité et se laisse entraîner dans les inconnus de l’univers, suivant le chemin emprunté deux jours avant par Serge Delaunay.