Efeu
Efeu est un quartet, mais la recherche et les répétitions ont été réalisées avec six danseur.euse.s de la compagnie.
Les deux dernières pièces que la compagnie a créées forment une sorte de diptyque où le moteur du mouvement provient des états émotionnels que nous procure l’état du monde actuel. Même si le contexte – crises généralisées et préoccupations existentielles – est similaire dans les deux pièces, l’esprit, la dramaturgie et le matériel qui en découlent sont extrêmement contrastés. Dans How to Proceed (2018) : la colère, l’agitation, la force, voire la violence, le changement permanent mais aussi l’humour, la diversité des formes et des regards et le divertissement proposent une présence active en interaction avec le public. La scénographie est constamment et délibérément transformée. Dans If Only (2020) : la résignation, la monotonie, la léthargie, la tristesse insufflent un niveau d’énergie constamment bas, sans évolution, dans un état de sérieux marqué, de présence « absente » et sans aucune adresse au public. Des courtes séquences de petits mouvements épars émergent de l’immobilité. La scénographie est agencée par les danseur.euse.s quasi involontairement, malgré elleux.
Pour la nouvelle création, nous allons laisser de côté l’état du monde tourmenté pour nous plonger dans le rapport physique entre la vie et la terre. Poussé peut-être par le besoin de nous rappeler que nous faisons partie de la nature. C’est une approche plus concrète où la matière émergera directement de nos corps confrontés aux forces extérieures et à l’espace. Une dramaturgie abstraite s’y déploiera, plus proche de la composition musicale que de la narration théâtrale.
La vie et tous les êtres vivants semblent constituer une anomalie, une coordination ingénieuse entre matière et énergie à l’origine bien moins ordonnées. Ils vont à l’encontre de l’entropie, de la perte d’ordre et de concentration et de la tendance au chaos, qui est le destin absolument inévitable pour tous les systèmes physiques. Ce phénomène nommé néguentropie, est fascinant : il est une sorte de force de cohésion, comme une traduction physique de l’information, un détournement ingénieux de l’énergie. Il ne peut être que transitoire mais cela ne le rend pas moins mystérieux. Il a, entre autres, comme effet que tout organisme se distingue par la capacité de se soulever seul contre la gravité, prouesse qu’aucune matière inanimée ne pourrait accomplir (si l’on ne tient pas compte des phénomènes comme les éruptions volcaniques ou solaires par exemple). Le mouvement est un élément inhérent à la vie. Il est différent de celui que pourrait par exemple produire la force de gravité elle-même. Cependant, tout mouvement de notre corps se joue en relation avec la gravité (en tout cas sur la terre ou sur la lune) et implique nécessairement des tensions et des relâchements en proportions et coordinations diverses. Cette fluctuation entre tension et relâchement, la complexité de la présence simultané et dynamique de ces antagonismes dans notre corps, ainsi que l’alternance entre la résistance et l’abandon à la gravité, seront les points de départ, le focus et le champ créatif de ce nouveau projet. Le mouvement du corps humain comme matière première contient dans son essence la résistance aux forces les plus destructrices et les plus implacables de l’univers. La vie a besoin de conditions très précises et improbables pour pouvoir naître et perdurer. Une sorte d’ode à la vie, à la terre et à son atmosphère fragile.
La libre Belgique-Efeu-Marie Baudet.pdf
RTSCH-Le-bonheur de la danse du lierre-Thierry Sartoretti.pdf
Concept & direction Thomas Hauert
Recherche & création Fabian Barba, Thomas Hauert, Liz Kinoshita, Sarah Ludi, Federica Porello, Samantha Van Wissen
Interprété par 4 danseur.euse.s de la compagnie
Musique Ornella Vanoni, Lucio Dalla, Gino Paoli – Senza Fine / Eric Thielemans, Bart Celis – Drumloops / Jean C. Roché – Anthologie de chants d’oiseaux, Alpes du sud, vers 1000m / Krzysztof Penderecki – Polymorphia (extrait) / Jonny Greenwood – 48 Responses to Polymorphia / Marvin Gaye – Mercy mercy me (Ecology)
Lumière Bert Van Dijck
Son Bart Celis
Costume Chevalier-Masson, Sami Tillouche
Production costume Isabelle Airaud, Eric Chevalier
Scénographie Chevalier-Masson
Production ZOO/Thomas Hauert, DC&J Creation
Coproduction Théâtre les Tanneurs (BE) / Mercat de Les Flors (ES) / Pavillon ADC (CH) / Atelier de Paris / CDCN / Charleroi Danse, Centre Chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles (BE), ICI – centre chorégraphique national de Montpellier/Occitanie – direction Christian Rizzo, Montpellier (FR) / Residenzzentrum tanz+, Baden (CH)
Studio Tictac art centre, Ultima Vez, Grand Studio, Studio Thor, Charleroi Danse
Support Fédération Wallonie-Bruxelles – Service de la danse / Pro Helvetia – Fondation suisse pour les arts / Ein Kulturengagement des Lotterie-Fonds des Kantons Solothurn and the tax-shelter of the belgian federal government